Avec son jeu, Anaïs Pradal, artiste tatoueuse, nous emmène au cirque, comme si chaque carte venait faire son numéro pour exprimer sa personnalité, ses singularités, au sein d’un spectacle vivant. D’autres influences viennent nourrir ce tarot coloré et puissant, et réinventer la tradition du Marseille. J’étais curieuse d’en savoir plus sur sa créatrice (1).
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Si tu devais choisir une carte de ton tarot comme carte de visite pour te présenter, tu prendrais laquelle ?
Je choisirais l’Arcane sans nom : je suis née un vendredi 13 et le 13 me suit depuis toujours, tout comme cette carte qui m’accompagne depuis mes débuts avec le tarot. J’aime son côté radical, sa puissance et sa pulsion de vie qui vient des profondeurs.
Comment le tarot est entré dans ta vie ? Qu’est que cette rencontre t’a apporté ?
Le tarot est arrivé dans ma vie à un moment où je souhaitais à la fois explorer mon inconscient et découvrir ce monde de symboles, étudier un art et une pratique spirituelle ancestrale.
Je me suis offert mon premier tarot de Marseille juste avant de retourner à Medellin en Colombie. Il a été un compagnon de voyage, un ami, un allié qui m’a permis de mieux me comprendre et comprendre le monde. Il a mis en lumière différentes pistes de réflexion et m’a offert de précieux conseils !
Quel est ton parcours artistique et comment il t’a amenée à créer ton propre tarot ?
J’ai un parcours pluridisciplinaire : arts graphiques, mode, illustration… il est important pour moi de créer, d’expérimenter, tout m’intéresse ! Je me consacre à l’art du tatouage depuis 2013, grâce au tattoo, je travaille des compositions riches de sens, avec des symboles anciens et intemporels, pour créer du sacré.
J’ai été invitée à participer à une exposition à la Galerie La Papesse à Toulouse, par mon amie AJ Dirtystein. Elle m’a suggéré la création d’un tarot de Marseille, j’ai ainsi réalisé la série des arcanes majeurs. Peu de temps après, j’ai rencontré Ninon Velvet Paws des éditions Arcana Sacra pour concrétiser le projet final du jeu complet.
Comment as-tu procédé pour la création du Tarot archétypal ?
D’abord, j’ai étudié précisément le design classique du tarot de Marseille, dans l’objectif de le transcender et de présenter ma version : quels symboles et éléments mettre en avant, comment traduire et exprimer le sens des cartes…
Ensuite, il y a un temps de recherche sur papier, au crayon, au Bic, carte après carte, puis la réalisation digitale sur l’iPad. J’ai choisi un code graphique simple et impactant visuellement, une gamme de couleurs chaudes à l’esprit vintage et organique, ma volonté était de créer un ensemble homogène et harmonieux.
C’est très réussi et ce qui est intéressant, c’est le mélange d’influences, de l’imagerie du cirque à la culture afro-caribéenne en passant par l’Egypte antique…
Oui, chaque personnage/arcane a son identité propre, son histoire, sa culture : comme au cirque, c’est un monde qui fonctionne avec des artistes différents, c’est un concentré de talents, de possibilités, de personnalités variées. Chacun a sa place, est reconnu pour qui il est, d’où il vient et ce qu’il sait faire.
« J’ai ainsi créé ce jeu avec les personnages que j’ai rencontrés lors de mes voyages, de mes lectures, dans mes croyances, je les ai choisis pour les rassembler dans ce show du Tarot archétypal. »
J’ai réalisé un petit tirage pour faire connaissance avec ton jeu. A la question « qui es-tu ? », il m’a répondu « Roi de Bâtons ». Je trouve que ça colle parfaitement à l’énergie qu’il dégage, à sa singularité…
Ça me plaît beaucoup ! C’est effectivement un tarot qui porte une énergie de feu, une âme de guerrier et une force de réalisation pour aller vers son idéal.
Est-ce que tout ce beau travail de création a changé ton regard sur le tarot ?
Bien sûr, j’ai un rapport plus intime avec les cartes ! Je reste fidèle aux tarots de Marseille classiques, mais je ne fais pas de tirages avec le Tarot Archétypal car je n’ai pas assez de recul. J’aime que le tarot m’amène où il le décide. C’est un lien intime et plein de respect.
J’ai en projet la création d’un oracle, je suis donc totalement plongée dans le monde de la cartomancie. J’agrandis chaque jour ma collection et je découvre à chaque fois un peu plus de ce monde magique !
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Merci mille fois à Anaïs Pradal aka Dystopia Tinta d’avoir pris le temps de répondre à mes questions. Anaïs pratique l’art du tatouage à Toulouse au Salon Sorry Mom.
(1) Cette interview est un choix éditorial, dicté par ma propre découverte et mon acquisition du Tarot archétypal. Les suggestions émanant d’éditeurs de jeux sont toujours précisées, le cas échéant.
Le Tarot archétypal, jeu de 78 cartes + livret (24€, Editions Arcana Sacra, avril 2021)